Suis-je fait pour la prépa?
Que vous soyez littéraires, scientifiques ou les deux à la fois, les classes préparatoires vous offrent un panel important de possibilités pour la poursuite de vos études Postbac. Les classes préparatoires se déroulent généralement en deux ans avant de passer un concours qui déterminera l’école que vous intégrerez. Il est possible de refaire uniquement la deuxième année dans la même filière pour retenter les concours si vous n’êtes pas satisfaits suite à votre premier passage. Les classes préparatoires littéraires sont appelées hypokhâgne pour la première année et khâgne pour la deuxième année : elles sont principalement accessibles à partir d’une terminale L. Les classes préparatoires aux écoles de commerces sont les ECS et sont principalement accessibles à partir des filières générales S et ES. Les classes préparatoire scientifique distinguent deux principaux cursus : l’une plus axée sur la biologie : ce sont les prépas BCPST étaient qui permettent l’accès entre autres aux écoles vétérinaires et au concours Agro. Les autres prépas scientifiques, anciennement dénommées Maths sup et Maths Spé s’appuient principalement sur les mathématiques la physique-chimie et les sciences de l’ingénieur et l’informatique et vous donnent accès au concours des grandes écoles d’ingénieurs. Au-delà des principales écoles qui recrutent une majorité de candidats dans chacune des filières d’autres écoles sont accessibles à partir de chacune des filières comme les École normale supérieure, les IEP et des passerelles sont possibles. Il n’est par exemple pas exclu d’intégrer une école de commerce en venant de math sup. même si cela reste marginal.
Quelque soient les voies, toutes ces classes ont des points communs : elles s’effectuent principalement dans des lycées dans un contexte scolaire où vous serez très encadrés. Le but est bien entendu de préparer à un concours de haut niveau : le rythme de travail est donc soutenu. Pour vous donner un ordre d’idée, le volume horaire des cours est d’environ 30 heures par semaine, à laquelle il faut ajouter 2h d’interrogation orale que l’on appelle Khôlles, ainsi que du travail à la maison d’environ deux à 3h par jour. Il faut encore ajouter à cela environ un devoir surveillé de deux à 4h par semaine. Cela peut paraître très important à première vue mais il s’avère que, lorsqu’on est dans le bain, cela est tout à fait réalisable pour la majorité d’entre nous. Certaines semaines seront beaucoup plus chargées que d’autres et vous aurez parfois à rendre plusieurs devoirs maisons, réviser les devoirs surveillés et les Khôlles dans un laps de temps très faible. Il est donc nécessaire d’avoir des capacités d’organisation et d’anticipation pour permettre de répartir convenablement la charge de travail. Si vous avez une passion débordante qui vous prend plus de 4 à 5 heures par semaine, vous serez certainement amenés à devoir faire des compromis, sans pour autant avoir à l’arrêter complétement.
Alors quel est le profil de l’étudiant en prépa : bien sûr il n’existe pas un profil type unique et il est strictement impossible par anticipation de prévoir avec certitude si un étudiant de terminale réussira en prépa. Cependant, l’expérience et les capacités attendues permettent de déceler les tendances des profils étudiants qui a priori ont plus de chances de réussir en prépa. Pour ceci, nous discuterons suivant 5 axes : le gout pour les matières, la capacité de travail, votre potentiel votre force psychologique et nous finirons par les idés reçues concernant la prépa.
Premièrement il faut aimer l’étude des matières de votre filière. C’est un point réellement clef sur lequel on passe parfois trop vite. Et lorsque je parle des matières, cela ne se restreint pas à une seule matière dominante de votre filière mais la majorité voire à la totalité de ces matières. Ce côté pluridisciplinaire est en effet une particularité des classes préparatoires par rapport à des filières universitaires ou vous aurez souvent une matière principale. C’est aussi ce qui en fait sa force et ouvre, à l’issue du concours, un panel très important de choix possible. On a l’habitude de dire que l’on se ferme très peu de portes en choisissant de faire une prépa. La contrepartie est qu’il est important de ne pas laisser tomber une matière ou de se concentrer uniquement sur une matière car cela serait rédhibitoire pour le concours. Alors il y a parfois des matières que l’on ne connaît pas, comme en prépa scientifique des sciences de l’ingénieur ou l’informatique, mais si vous arrivez avec un goût pour les autres matières et une envie de découvrir, cela se passe souvent très bien.
Un deuxième point important est la capacité de travail. Si le fait de travailler régulièrement tous les soirs et éventuellement de travailler le dimanche ne vous fait pas peur, vous êtes dans de bonnes dispositions pour aborder la prépa. Vous êtes souvent qualifiés par le professeur ou votre entourage de sérieux, intéressé, travailleur et vous êtes capables de vous investir. Vous avez compris que c’est maintenant que vous jouez votre avenir et vous êtes prêt à certaines concessions dans votre vie de tous les jours pour privilégier le travail et votre réussite. Je pense que c’est à terme un très bon calcul mais cela ne convient pas à tout le monde et dépend très fortement de votre personnalité.
Le troisième point concerne votre potentiel. On a souvent l’habitude de faire une extrapolation simpliste des notes de terminale et d’en déduire a priori l’hypothétique réussite en prépa. Même s’il est bien évident qu’il est plus facile de construire son parcours en prépa sur des bases solide acquises en terminal, ce n’est en aucun cas une garantie certaine de réussite en prépa. Même si les meilleurs en prépa étaient souvent déjà très bons en terminale, les surprises ont lieu chaque année avec des étudiants qui réellement découvrent leur potentiel en classe préparatoire. Et cela est malheureusement aussi vrai dans l’autre sens avec parfois d’excellents bacheliers qui n’arrive pas à sortir du lot en prépa. La notion de potentiel est donc très importante, peut-être même plus que l’analyse frontale de vos notes en terminale. Il est donc important de ne pas confondre les résultats scolaires avec la valeur personnelle. Avoir du potentiel pour réussir en prépa, c’est avoir une bonne efficacité intellectuelle, être capable d’assimiler beaucoup de choses en peu de temps, lire vite, avoir l’esprit de synthèse, savoir bien mémoriser. Si vous êtes plutôt lents et désorganisés, si vous obtenez des notes très moyennes en travaillant de manière acharnée au lycée alors votre réussite en prépa sera certainement très difficile. Quelqu’un qui a un bon potentiel est quelqu’un qui a de bonnes méthodes de travail, qui est organisé, et rigoureux et a de bonnes capacités d’analyse et de l’intuition. Tous ceux-ci sont des choses qui s’apprennent mais si vous les avez déjà intégrés alors c’est un réel plus pour la prépa.
Le quatrième et dernier point concerne votre équilibre psychique et psychologique. Comment réagissez-vous lorsque que vous êtes remis en question, lorsque vous êtes confrontés à une difficulté ? Si vous êtes stimulés par la difficulté, si cela vous donne envie de travailler plus dur pour pouvoir vous en sortir et progresser, si vous avez besoin d’un encadrement très présent pour vous mettre au travail alors la prépa vous conviendra. De manière très personnelle, je n’aurai jamais pu réussir en fac car j’ai besoin d’être énormément stimulé. J’insiste sur le fait que vous soyez encadré de manière très importante au jour le jour avec de réelles attentes de vos professeurs en retour. Cela peut convenir et transcender certains étudiants et d’autres peuvent le pas le supporter. N’oubliez pas qu’il faut pouvoir résister à la pression et au stress du concours et que cela demande une certaine confiance en soi. Au-delà de la confiance en soit, les classes préparatoires évoluent dans un cadre scolaire qui est proche de celui du lycée et bien que soyez devenus des étudiants votre quotidien sera plus celui d’un élève. Cela peut être problématique pour les étudiants qui rêvent de liberté, d’émancipation et d’être les seuls maitres des choix qu’ils font dans la vie rapidement après le bac. Après, ce n’est que repousser cette échéance de 2 ans…
Dernier point, il y a beaucoup de fausses rumeurs qui circulent sur la prépa. On entend souvent parler de profs très sévères et cassants, de concurrence acharnée et de mauvaise ambiance entre les étudiants, j’ai même entendu parler de personnes qui avaient tellement de travail qu’elles en étaient réduites à lire leur livre sous leur douche en Khâgne pour ne pas perdre une minute. Il faut tordre le cou à ces idées fausses. Il y a du travail, vous êtes prévenus mais dans la grande majorité des cas l’équipe enseignante est réellement là pour vous accompagner et vous encadrer jusqu’au concours. L’ambiance est excellente dans la majorité des classes avec des étudiants qui s’entraident et travaillent ensembles et souvent gardent de très bons souvenirs et de très bons amis en prépa. Vous trouverez bien évidement des personnes pour me contredire et pour qui la prépa s’est très mal passée. J’en suis vraiment désolé pour elles, mais il ne faut pas généraliser.
Alors maintenant vous êtes au courant des attentes en prépa et vous avez certainement dû vous reconnaitre dans certaines descriptions que je viens de faire et je pense que vous avez déjà une bonne idée de votre motivation pour intégrer une prépa.